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Voyager on n’en revient jamais. Je vous écris pour prolonger l’instant, en garder une trace, tordre le cou à la fugacité.

 

 

Après une nuit de bus depuis le Penjab, me voici à Jammu, capitale d’hiver du Cachemire. La ville est polluée et bruyante, et il me tarde d’apercevoir enfin les contreforts de l’Himalaya. Sans plus attendre, je recherche une place dans l’un des nombreux « taxis groupés ». Les départs sont aléatoires, mieux vaut s’y prendre tôt ! Après trois heures de vaines recherches, je parviens enfin à me glisser dans un taxi à destination de Srinagar, ma prochaine étape. La route sera longue : environ 13 heures, si le climat reste clément.

Alors que nous traversons Jammu, les premières montagnes se dessinent en arrière-plan ; le Cachemire nous attend, à la croisée des mondes. Le long de la route, on aperçoit une majorité d’hindous, occupés à leurs ablutions matinales dans une rivière couleur ocre ; ces derniers laisseront bientôt place aux musulmans – religion dominante à Srinagar et aux alentours – qui eux-mêmes seront supplantés par la majorité bouddhiste du Ladakh ! Cette diversité, unique sur un territoire si resserré,  témoigne d’un des carrefours les plus célèbres au monde : la route de la soie.

Jammu est maintenant derrière nous, les routes sinueuses de montagne nous entrainent vers Srinagar. La végétation se fait de plus en plus luxuriante : les pins se mêlent librement aux autres arbres, et je comprends dès lors les louanges au sujet des grandes forêts du Cachemire, tant elles semblent flotter sur ces montagnes encaissées. Certains arbres, plantés au sommet des crêtes, m’interrogent : comment diable ont-ils pu se retrouver là-haut ?

Un voyage en Inde ne saurait être de tout repos. Au passage d’un col, notre chauffeur bute sur une pierre…. C’est la panne. Le processus « Jugar* » commence alors. Les passagers aident le chauffeur à manœuvrer sur une pierre-levier, et celui-ci répare tant bien que mal la direction endommagée. Ce processus se répétera plus d’une fois, jusqu’à un petit village Kashmiri où nous pourrons enfin réparer notre véhicule. Le village est bien différent des bourgades autour de Jammu : maisons en bois, à toit occidental, certaines très anciennes…nous sommes bel et bien au cœur du Cachemire. Mais il est déjà 19h, et nous roulons depuis 8h du matin…le chauffeur a hâte d’en finir, et nous aussi !

La dernière heure de route se passe sans encombre, et nous atteignons finalement Srinagar, le joyau du Cachemire. Il me faut rapidement trouver une péniche où passer la nuit ! C’est en effet la grande particularité de cette ville : les innombrables « house boat » permettent aux voyageurs de loger à moindre coût (les péniches luxueuses sont également de la partie). Repos bien mérité, avant la dernière étape du voyage, qui m’emmènera jusqu’au Ladakh.

A Srinagar, près de l’office du tourisme, se trouve un taxi stand, lieu idéal pour trouver un chauffeur compétent. Le lendemain, départ à 7 heures : une fois encore, la route sera longue – pas moins de 14 heures, voire plus, si le passage du col est encombré. Nous voyons pour la dernière fois les pins du Cachemire, tandis que nous approchons du passage redouté. La pluie se met à tomber, tel un avertissement : la boue peut s’accumuler, et au pire des cas, nous stopper pendant plusieurs heures. L’attente se fait dans un petit village « frontière », où thé et chappattis nous aident à patienter. Finalement, au bout de 30mn, les policiers nous font signe : il est temps d’affronter le col.

 

 

La route est exécrable : trous, débris, rochers, poussière, boue, et peu d’espace pour manœuvrer! Les rencontres avec les camions sont pour le moins délicates. Après une ascension périlleuse à travers les nuages, nous atteignons le sommet : nous voici au Ladakh. Le paysage change presque instantanément : adieu les pins et montagnes boisées, les montagnes du Ladakh sont majestueuses et nues – ou presque, la neige est apparente  par endroits. Nous dépassons plusieurs magnifiques vallées, pâturages superbes où nous apercevons des chevaux sauvages, ainsi que quelques habitations. Nous roulons en direction de Kargil, qui se situe à quelques heures seulement de Leh.

Le climat se fait de plus en plus sec. Le Ladakh est une terre aride, où chaque village est comme un oasis au milieu du désert. Cette nature rugueuse confère néanmoins un charme indéniable à cette région isolée. Petite halte à Mulbek, afin d’admirer une très ancienne gravure du Buddha de l’avenir, Maitreya. La route est dégagée et nous avons tous hâte d’arriver. Mon cœur vibre à la vue de ces montagnes si familières, et à l’idée de revoir mes amis, après 6 mois dans un autre monde.

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